Les inepluchables

Ils sont cons, incultes et ont la science infuse. Ils sont partout, sont nombreux. Ils sont les inepluchables [Ma Kay-t9echrouch].

Quand ils te regardent, tu voix dans leur yeux le sens même du mépris, du manque de respect qui prennent la forme d’un creux fait d’égoïsme et de sur-confiance en soit.

Quand ils te parlent c’est toujours pour t’ordonner de ne jamais parler, car tu es à leurs yeux un mineur, un bon a fermer sa gueule, un mouton qui n’a pas les outils nécessaires pour comprendre ce monde si complexe et secret dont seuls eux et leurs amis détiennent les secrets et sont de ce fait les seuls habilités et en déchiffrer les codes.

Mais tu es surpris tant bien que mal ! Tu es surpris par leur capacité à construire de si grandes incohérences et à survivre à leur propre absurdité et tu es ébloui par leur résistance à leur permanent ridicule. Avant de les rencontrer tu ne pensais pas que l’humain pouvait avoir de telles performances, négatives peut-être, mais elles n’en sont pas moins exceptionnelles.

Quand ils te disent la chose et son contraire, la thèse et l’antithèse, quand les enchainements tournent au ridicule et les transitions se font rares, quand le débat devient une leçon de morale [le mot est déplacée], quand la logique assiste a son propre meurtre et quand la conviction est obligée de laisser place à l’erreur, quand un supposé communément admis, par lui seul, viole le principe de démonstration. Bref, quand Sina gifle Godel Kurt et lui demande une pension intellectuelle, alors qu’ils n’ont jamais été mariés, c’est logique, ils n’ont même pas vécu les mêmes époques.

Logique dis-tu ? Ta logique, tu la garde pour tes semblables, eux ils fonctionnent différemment. Ils s’imposent par la force de la bêtise. Oui détrompe toi, la bêtise a une force, car sinon elle n’aurait pas résisté tous ces siècle au savoir et à la science.

Revenons en a nos « moutons » ; ébahis donc que tu es devant ce spectacle, emporté par ton humanisme et encapsulé dans ton silence philosophe, dans une fraction de seconde tu t’es senti coupable et attristé par la condition même de l’inepluchable devant toi.

Et tu t’es dit : « Mais qu’est ce qui a fait que ce Monsieur en arrive à ce point ? Pourquoi doit-il subir de telles humiliations ? A-t-il vraiment besoin que je le corrige et que je rajoute a son humiliation? »  Tu essaie d’être pédagogue, tu commences par le commencement et tu sors tes pauvres pages avalées au fil des nuits. Tu veux faire quelque chose de bien et tu veux rendre cet humain meilleur, en fait tu veux le rendre humain d’abord.

Rien n’y fait, tu reçois une claque, car tu as oublié que tu ne comprends rien face à lui, tu as oublie que s’il te parle c’est pour ton bien, ton bien que même toi tu n’arrives pas à comprendre pauvre bête ! Là tu te rappelles que ce n’est pas un débat, c’est une rue à sens unique tracée, finie et obligatoire pour tous.

Tu replonge dans ton silence, il parle et tu ne l’écoute plus, tu es maintenant dans une autre phase de ton humanisme. Tu es entrain de penser aux dégâts qu’il peut faire aux autres humains et à la société. Tu réalises que c’est un danger public que se remettre en question est le dernier de ses soucis et que faire du bien aux autres ne figure pas sur sa liste de priorités. Tu es donc dans l’obligation morale de lui faire face, c’est logique c’est ton humanisme qui t’y pousse, mais tu t’arrêtes une seconde et tu réalises que nulle punition ne sera plus grande pour lui que celle de le laisser dans son propre monde.

Tu décides de lui donner sa liberté d’être con, tu te désengage de lui pour remplir tes engagement envers les autres.

Rien de plus noble, après tout c’est ça la politique.

Je dédie ce texte a tous ceux qui se senti touchés dans leur citoyenneté par le passage de l’inepluchable de cette vidéo qui ose se positionner comme rempart de la monarchie alors que ses semblables en constituent la principale menace.

 

(c) Reda El Ourouba

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